Sur
fond de crise des pays de la zone euro, la campagne présidentielle
française ne restera pas dans les annales, tant elle est vide de sens
comme de propositions. Car la démagogie, sans limite, de nos candidats à
la présidentielle, cela commence vraiment à suffire.
On sait bien, depuis longtemps, que les « promesses n’engagent que ceux qui y croient »,et que l’électeur finit toujours par voter pour celui ou celle qui lui paraît le (ou la) moins nul(le) !
Donc ne comptez pas sur eux pour nous parler du chômage, de l’emploi, du logement, des inégalités, de la précarité, voire de la misère (+ de 8 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté, fixé à 945€ par mois). Car ils sont dépassés par ces problèmes. Ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’il faut faire, d’autant que ces graves questions ne peuvent plus se traiter à l’échelle d’un pays. Mais cela, ils ne peuvent l’avouer, car sinon, pourquoi irait-on voter pour une élection somme toute locale, à l’échelle du monde ? Ils s’évertuent donc à mentir, à donner le change, à faire croire que le « volontarisme politique » peut tout faire, y compris soulever des montagnes. « Quand on veut, on peut ». Chiche ! Et pourtant cela marche encore !! On n’est plus dans des campagnes de projets, mais de communication, où l’invective le dispute à la démagogie.
Les enjeux et les défis sont, en effet, européens, et souvent mondiaux : défis économiques, financiers, de compétitivité, défis climatiques, environnementaux, énergétiques, migratoires, diplomatiques et militaires. Pas un mot sur l’environnement (à part Eva Joly), sur l’Afrique, sur la politique étrangère, sur le Proche-Orient. Repli national, toute ! Curieux pour un pays qui rêve toujours de puissance ! …
Et comme en 2007, bien sûr, pas un mot sur l’Europe, alors qu’elle est la clé, actuelle et future, de nombre de solutions, l’Union faisant toujours la force.
Je passe sur les extrêmistes, souverainistes ou nationalistes, qui veulent sortir de l’euro, de l‘Europe, démondialiser, fermer les frontières, et autres âneries irresponsables car dangereuses. Même les deux principaux protagonistes, qui iront, selon toute vraisemblance, au deuxième tour, n’ont pas résisté à la tentation de taper sur l’Europe. C’est bon à prendre puisqu’il y a une opinion eurosceptique, dont ils sont d’ailleurs largement responsables. Toutefois l’opinion veut, à bon droit, garder l’euro. Il faut également « draguer » la France qui a voté non en 2005 au projet de Constitution européenne. Aussi François Hollande, qui se déclare pourtant pro-européen, exigera de « re-négocier » le Traité sur le Pacte budgétaire et fiscal, sans se préoccuper de savoir si les autres pays s’en accommodent ou non ! Drôle de façon d’être européen et solidaire des autres ! C’est aussi surréaliste, car les marchés nous surveilleront, et la dette nous reviendra dans la figure avec des taux d’intérêt en hausse, surtout si les Agences de notation continuent à dégrader notre note, faute de réformes. Idem pour ce taux d’imposition (ridicule et improductif) à 75% sur les plus riches, sans aucune concertation avec les partenaires européens ! Toujours cette arrogance, de vouloir pour l’Europe … « une France en plus grand » ! Alors que franchement, objectivement, à l’échelle d’une planète en plein essor, forte de 7 milliards d’êtres humains, notre élection est bien peu de chose.
Quel gâchis ! Car la crise avait démontré, justement, qu’on avait besoin d’être unis, solidaires, pour s’entraider entre Etats européens, et qu’il fallait justement aller vers une Europe beaucoup plus intégrée, convergente, en un mot, fédérale ! Cette élection n’étant que franco-française, il faut donc « livrer » du franco-français, quitte à détricoter l’acquis communautaire.
La crise avait permis de relancer, chez nos voisins européens (Allemagne, Italie, Pologne), des idées et propositions de type fédérale, afin de faire bloc face aux dettes abyssales, et pour réactiver des politiques économiques de croissance efficace. Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des Hommes, disait jean Monnet. Mais rien de tel en France. La génération actuelle de dirigeants, euro-tièdes, trahit chaque jour davantage la pensée profonde de ce père fondateur, préférant, pour être élue, amener leur « Etat-nation » dans le mur ! De Melenchon à Le Pen, en passant par Arthaud, Poutou, Cheminade et Dupont-Aignan, il n’est fait allusion à l’Europe que pour mieux la brocarder, la dénigrer, la stigmatiser. Ultra-nationalistes, ces gens-là veulent une Europe à leur botte, totalement détricotée et démembrée, faisant fi de 60 ans de construction communautaire qui a, tout de même apporté et consolidé la paix, la prospérité et les valeurs entre Européens. Faisant fi aussi de ceux que pensent (et veulent) les « autres » peuples. Ils sont pour le peuple, mais pour le leur, apparemment. C’est donc bien là la manifestation – et le danger – du nationalisme pur et dur. « Le patriotisme c’est l’amour de la patrie. Le nationalisme, c’est la haine de ceux qui aiment la leur ». Anti-européens, leurs programmes sont également, sur le plan économique et budgétaire, aussi loufoques ou dangereux qu’irréalisables : la sortie de l’euro ; la semaine à 32 voire 30 heures ; le smic à 1.700 € (net !) ; l’interdiction généralisée des licenciements (ce qui, de facto, empêcherait … toute embauche !). Mais peu importe, puisque ces gens-là ne seront jamais présidents de la République ! Certes, mais les âneries et outrances verbales qu’ils distillent tout au long de la campagne (à ce propos, vivement la fin de cette campagne nulle, violente, arrogante), peuvent tout de même faire des dégâts auprès de nos compatriotes
J’en viens à deux autres candidats qui ne seront jamais, non plus, présidents de la République mais qui, d’un point de vue strictement européen, pourraient satisfaire, ou se rapprocher, de certains critères. Il s’agit bien sûr d’Eva Joly et de François Bayrou. La palme d’européanisme revient sans conteste à Eva Joly, qui n’a pas peur (elle est la seule) de citer à de nombreuses reprises le mot « fédéralisme ». Elle prône aussi un Président européen élu au suffrage universel direct, et veut réaliser de vrais « Etats-Unis d’Europe ». Cela a au moins le mérite d’être dit, et clairement !
François Bayrou a déçu ses propres partisans. C’est incontestablement un européen convaincu, qui souhaite un président de l’UE élu au suffrage universel ou par un Congrès réunissant les Parlements nationaux ou le Parlement européen. Il veut aussi augmenter les investissements européens dans la recherche et le développement. Mais le mot « fédéralisme » est désormais banni de son vocabulaire ! Quel changement depuis 2007 ! Et puis, quelle mouche l’a donc piqué de démarrer sa campagne sur le thème du « produire et acheter français » ! Comme si la France pouvait TOUT fabriquer !! Il a donc totalement brouillé son image et a raté son envol de 2007… Le centre existe, mais il n’a plus de lader. Où sont passés les Giscard d’Estaing ou autre Lecanuet ?
J’ai gardé les deux derniers impétrants qui seront donc les deux finalistes : François Hollande et Nicolas Sarkozy.
Le premier nommé, qui sera sans nul doute (sauf colossale surprise !) le futur Président le 6 mai prochain, mène une campagne « pastel », lisse, inodore et sans saveur, y compris sur l’Europe. Service minimum ! Il est certes pro-européen. Mais fort loin de la seule solution utile, celle du fédéralisme, si l’on veut s’en sortir. Au contraire, il veut, lui aussi, une Europe « à la française », alias une France en grand… On n’en sort pas ! Pire, il prétend renégocier le Traité sur le pacte budgétaire et fiscal… Seul contre tous ? Sans se demander ce qu’en pensent les gouvernants des 24 autres pays (car deux Etats ne l’ont pas signé, le Royaume-Uni et la République Tchèque) et surtout leur peuple ? Nous ne sommes plus dans l’Europe des « Six », et la France a beaucoup reculé en influence, depuis, y compris sur ses performances économiques ! En niveau de vie – pouvoir d’achat, la France est entre la 7ème et 8ème place dans l’Europe des 27… Je n’entends personne dire la vérité. Curieux… Pareil pour le chômage. On est dans le peloton de queue, avec nos 10% ! Quand l’Autriche est à 4,2%, les Pays-Bas à 4,9%, le Luxembourg à 5,2%, l’Allemagne à 5,7% , pour ne citer que les pays de la zone euro. Mais beaucoup d’autres pays de l‘UE ont deux fois moins de chômage que nous. Qui le sait ?
La proposition de Hollande de financer des projets d’infrastructures (énergie, réseaux) ou des investissements industriels d’avenir via la BEI et/ ou des eurobonds est une bonne idée. Mais il n’y aucune proposition sur l’évolution institutionnelle de l‘UE vers des « Etats-Unis d’Europe ». Quel manque de vision par rapport à ses homologues allemand, italien, et même polonais ! Enfin, il veut baisser le change de l’euro par rapport au dollar et au yuan. Très bonne idée. Mais, au fait, on fait comment ? On téléphone aux Chinois ? Même l’Amérique d’Obama n’a pas fait bouger les Chinois d’un millimètre sur cette question depuis 4 ans. Et la France va le faire ? Génial… On demande à voir !…
Mais la palme, si je puis dire, revient au candidat sortant, Nicolas Sarkozy, qui, étant en grande difficulté pour sa réélection impossible, n’hésite pas à franchir la ligne rouge, sans vergogne. Lui, l’homme qui avait conduit une bonne présidence française de l’Union européenne en 2008 ! lui qui avait dit le soir de son élection en mai 2007 : « c’est le retour de la France en Europe » ! Quel gâchis depuis, et quelle honte ! Il suffit de lire les réactions et commentaires de nos partenaires européens. Y compris d’Angela Merkel qui a d’ailleurs signifié son mécontentement à Sarkozy. Ces gens-là , vraiment, ne reculent devant rien ! Pour une réélection, ils vendraient leur âme ! Leur « conviction » et leur programme s’adaptent en permanence aux sondages !! Il y a longtemps que Sarkozy a dérapé vers l’extrême droite. Cela avait commencé fin juillet 2010 avec le sinistre discours de Grenoble, stigmatisant des Roms qui sont, pourtant… des Européens.. Rappelons nous, aussi, de sinistre mémoire, le discours de Dakar et la place de « l’homme noir dans l’Histoire ». Mais là, dans la campagne de 2012, on touche le fond dans l’outrance et la manipulation, et la raison a cédé le pas à l’injure, au clivage, au mépris, à la démagogie, à l’anti-européanisme primaire, à la xénophobie. Je cite : « il faut changer l’Europe qui ne doit pas être une menace, mais une protection ». De quoi ? Contre les étrangers ? Contre la concurrence ? D’où les titres de journaux américains : « Sarko = Le Pen » ! On se souviendra longtemps du discours de Villepinte du 11 mars dernier : haro sur les technocrates de Bruxelles, les corps intermédiaires, et surtout sur l’Europe, sur Schengen, alors que ces Accords nous protègent, et satisfont nombre de partenaires européens ! De surcroît, la Commission travaille, depuis des mois, sur des améliorations de l’agence Frontex, qui gère le dispositif à nos frontières extérieures. Que n’a-t-on pas dit cela plus tôt ? Et surtout, pourquoi n’avoir pas accordé des moyens financiers supplémentaires à Frontex, pour mettre plus de garde-frontières ? Lui qui fut Ministre de l’Intérieur cinq ans avant d’être président ?
Même démagogie avec le « Buy european Act ». L’idée est de réserver les marchés publics aux seules entreprises européennes. Alors même que la Commission travaille également là-dessus afin d’exiger une réciprocité dans l’accès aux marchés publics des pays tiers pour les entreprises européennes. Le buy european act nécessite l’accord des autres, et de l’OMC. On en revient toujours là. Pour flatter son électorat, (ou ses militants), on montre ses muscles, on va « dompter » l’Europe, on va voir ce qu’on va voir. Même quand les « technocrates » travaillent sur le sujet !…
Sauf que… un détail (parmi plusieurs incohérences…) si la France sort de Schengen, elle doit sortir de l’Union. Si elle impose unilatéralement la réciprocité commerciale, elle sera en procès avec l’OMC et n’importe quelle entreprise ou Etat qui ne se laissera pas faire (ça créera de l’emploi pour les juristes du droit international ou communautaire !). Idem pour la fiscalité, il faudra renégocier quelques 120 conventions fiscales françaises avec des pays tiers. Cela fait beaucoup !
Ces gens là sont donc européens quand cela les arrange (début 2007, et 2008 lors de la Présidence française) mais le nationalisme reprend vite le dessus, surtout, en campagne électorale : mot France outrageusement prononcé, drapeaux frénétiquement agités. Il y en aura bientôt plus que de militants ! Je propose que l’on chante la marseillaise (« qu’un sang impur abreuve nos sillons ! »), tous les quart d’heure, dans les meetings ! Cela maintiendra l’ambiance ! Haut les cœurs ! Vent debout ! Qui a dit que tout ce qui est caricatural est dérisoire ? Et malgré tout ce cinéma, les sondages ne bougent pratiquement pas. C‘est cruel, la politique !
Autre parole du Président-candidat : « l’Europe est une passoire ; l’Europe soit se protéger ». Mais de qui ? Et de quoi, au juste, Et pendant cinq ans, il ne s’en était pas aperçu ?!
Toutes ces formules, qui torpillent encore un peu plus la cause européenne, et nous ridiculisent à Bruxelles et auprès des diplomates européens, ne sont pas des dérapages, mais des annonces sereinement pensées, orchestrées, pour attirer l’extrême-droite.
Dernier coup de poignard à l’Europe : Sarkozy vient de proposer le gel de la contribution de la France au budget européen ! Là on atteint le sordide, le mesquin ou le grotesque ! Economie : 600 millions d’euros, alors que les économies à réaliser sont plutôt de … 90 milliards d’euros. Cherchez l’erreur !!
Car la France, comme tous les pays du Sud, est en situation économique et budgétaire très préoccupante. Il est vrai (depuis 3 ans, je ne cesse dans mon blog de préciser la situation économique de la France, de l’Europe, et les enjeux majeurs…), qu’en France, on ne veut pas toujours comprendre l’économie et prendre les mesures des défis et des enjeux. On se complaît parfois dans le déni. Et nos politiques en usent et abusent, laissant jouer à plein tube l’orchestre du Titanic. Ça les arrange. Par quel miracle serions-nous donc les seul pays d’Europe à conserver notre pouvoir d’achat, sans nous réformer en profondeur ? Alors que TOUS nos voisins y passent ? Ou l’ont fait depuis longtemps, comme l’Allemagne de Gérard. Schröder ? Heureusement la presse étrangère est là pour nous ramener à al réalité. Témoin l’hebdomadaire britannique « The Economist » dans son édition du 29 mars 2012. Le titre est clair : « France in denial », « le déni français ». « L’élection la plus frivole du monde occidental ». Pendant que tout le monde se serre la ceinture et se réforme (y compris la Grèce, l’Italie, le Portugal, l’Espagne), la France s’amuse. On muse, on bricole. Cette campagne n’a pas voulu voir la réalité du monde, de sa compétition vive, de sa rapide mutation, et de notre nécessaire adaptation, par le biais d’une Europe fédérale, seule solution réellement crédible.
La France, seule, a besoin de lever 500 à 700 millions d’euros par jour pour financer sa dette (et bientôt, il faudra 1 milliard par jour)… Elle décroche (compétitivité, industrie) depuis plus de 10 ans. Elle est endettée depuis 38 ans. A un chômage de masse (10%) depuis 20 ans (sauf entre 1997 et 2000, où il retomba à 7%). Tous les pays du Nord sont meilleurs que nous.
Notre dette publique a augmenté de 450 milliards d’euros en cinq ans ! Et seulement 30% sont dus à la « criiiiiiise » ! Et pas « 100% » comme le répète à l’encan la propagande officielle. Remarquez, c’est de bonne guerre, un autre gouvernement aurait fait pareil ! Autre message : « l’Europe passoire ». Mais la France a perdu des parts de marché… en Europe même ! Donc ce n’est pas un problème de frontières extérieures !!! Nos taux d’intérêts remontent et l’écart (spread) se creuse à nouveau avec l’Allemagne ( taux à 3 ou 3,5% contre 1,5%). Notre balance commerciale est de plus en plus déficitaire (- 69,6 milliards d’euros en 2011…). Le président sortant, comme son challenger, n’a aucune idée pour rendre la France vraiment compétitive. Mais il ne veut pas non plus faire le saut fédéral qui, seul, mutualiserait efforts et relance, par la redistribution solidaire. On préfère transférer notre « souveraineté » à nos créanciers du monde entier (les « marchés ») plutôt que de réaliser une souveraineté partagée et solidaire en Europe !!
Alors cette campagne (courage, plus que quelques jours à souffrir !) fut un immense rideau de fumée : protectionnisme (la pire des mesures), sortie partielle de l’UE (Schengen !) et ultra-droitisation pour récupérer des voix (en vain !) : viande hallal, rhétorique islamique couplée au sécuritaire. Tout cela pour masquer le vrai débat : la France doit se réformer en profondeur si elle veut redevenir compétitive. La France est bien plus proche de l’Italie que de l’Allemagne. Mais qu’à cela ne tienne. Sans idée, sans projet, sans vision, il faut bien bricoler, et amuser la galerie. On est à une ou deux « idées » par jour, qui sont oubliées dès le lendemain, et ainsi de suite. Je ne sais plus qui a parlé de campagne « low cost ». Petits projets, petites idées, petits candidats. La dernière idée de génie est le permis de conduire pas cher. Un remake de 2007 ? On règle les retraites le 1er du mois et non le 8 (ce qui, en outre, est impossible, tellement cela concerne des structures différentes (CDC, etc…).
C’est vraiment de la haute stratégie ! Il faut ce qu’il faut, car déjà neuf autres dirigeants européens sont allés au tapis. A bon entendeur…
Aussi je me permets de suggérer quelques mesures décisives et stratégiques pour le rôle et la place de la France dans le monde : rouvrons le débat sur l’heure d’été ; sur le retour ou non de la messe en latin ; sur le ramassage alterné des champignons à l’automne ; sur l’heure de fermeture des bars ou discothèques le samedi soir. Bref, tout ce qui est stratégique, et du ressort… d’un président de la République !
Je suis moqueur, mais c’est vraiment pitoyable. Ils nous font honte ! Il suffit de lire la presse étrangère, plus lucide que la notre… Une autre « tactique » à la mode aussi, et là Sarkozy est le champion absolu, c’est de jouer la corde sensible à chaque fait divers tragique. On joue à fond (jusqu’à la caricature) la carte du sensationnel, de l’émotionnel, du compationnel, du passionnel, du solennel et du commémoratif. Cela impressionne, et ce climat irrationnel évite de parler des vrais problèmes. Excellent, dans le genre !
Et pendant ce temps là, on a les derniers chiffres qui devraient nous ramener à la raison, il me semble… La France, en 2012, est le deuxième emprunteur en euro au monde : elle doit emprunter 178 milliards d’euros cette année, et cet emprunt sera détenu à 85% par l’étranger. Et en 2013, la France sera le premier emprunteur en euro au monde, avec 220 milliards d’euros d’emprunt (à 85% étranger), soit 1 milliard d’euro par jour ouvrable !
Mais tout le monde s’en fout ! Politiciens et … électeurs. Un comble. Car plus on attend, plus la note sera salée.
La crise ? Quelle crise ? La dette ? Quelle dette ? Et … si on ne remboursait pas ? ( !)
Les politiciens aussi auraient besoin de cours d’économie. Ils diraient moins de sottises !
Mais non, dormez tranquille, au (beau) pays des Bisounours. On vous propose sans rire la réforme du permis de conduire. Et demain ? Il reste encore 9 jours avant le 1er tour ! Alors quoi ? Je me dévoue : la réforme du permis de chasse ; puis du permis de pêche ; la collection des coléoptères ; un concours de pop-corn ; un jeu de boules ?
C’est de plus en plus surréaliste (et coûteux, aussi !), on sombre de plus en plus dans un théâtre de … Guignol.
Les Français ont donc besoin de discours de vérité, et de vrai plan de redressement et de relance économique, et pas des rideaux de fumée démagogiques et idéologiques pour faire diversion. La France, un jour, aura peut-être aussi besoin de toute la solidarité européenne, ne serait-ce que pour boucler 2012, où elle devra emprunter, sur les marchés du monde entier 178 milliards d’euros. L’année 2011 a montré que les marchés et les agences de notation s’inquiétaient sérieusement de la frilosité de la France, arcboutée sur son « modèle social », inégal et précaire. Championne du statu quo confortable. Avec un nouveau président, une nouvelle équipe, combien durera l’état de grâce ? Combien de répit aurons-nous ? Cent jours ? Nos nouveaux décideurs devront réformer sans tarder. La souveraineté économique, budgétaire et financière, c’est terminé dans un monde multipolaire et de plus en plus interdépendant, avec des capitaux volatiles. Du Nord au Sud, d’Ouest en Est.
Il ne sert à rien de clamer que la mondialisation est dangereuse (ce qui est faux, tant elle offre des opportunités pour qui sait les saisir…) et qu’il faut se protéger de l’Europe… Avec de tels propos, c’est l’Europe qui voudra peut-être se « protéger » de … Nicolas Sarkozy. En attendant, les électeurs français, citoyens d’Europe, trancheront sur son sort le 6 mai prochain. Et ce sera sans appel.
Blog d'Alain Malégarie du 13 avril 2012